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Lettre à ma Mère - Georges SIMENON
Les mots qui tuent....
Extrait :
"Lors d'un de mes rares voyages à Lièges, tu m'as regardé longuement, avec une attention soutenue,
et tu as prononcé cette phrase que je n'ai pu oublier :
- Comme c'est dommage, Georges, que c'est Christian qui soit mort.
Cela ne voulait-il pas dire, dans ton esprit, selon ton cœur, que c'est moi qui aurais dû partir le premier ?
Tu as d ailleurs ajouté :
- Il était si tendre, si affectueux...
Sans doute ne l'étais-je pas ou évitais-je de le montrer."
"Ma chère maman,
Voilà trois ans et demi environ que tu es morte à l'âge de quatre-vingt-onze ans
et c'est seulement maintenant que, peut-être, je commence à te connaître.
J'ai vécu mon enfance et mon adolescence dans la même maison que toi, avec toi,
et quand je t'ai quittée pour gagner Paris, vers l'âge de dix-neuf ans,
tu restais encore pour moi une étrangère.
D'ailleurs, je ne t'ai jamais appelée maman mais je t'appelais mère, comme je n'appelais pas mon père papa.
Pourquoi ?
D'où est venu cet usage ?
Je l'ignore".
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