• L'Apocalypse

     

    "J'oscille entre un désespoir immense, inconsolable, et une grande colère.

    Je veux cracher au visage de ce salaud tout ce que j'ai sur le cœur. Je n'ai plus rien à perdre.

    J'ai disparu de la terre, il y a quinze ans, pour chevaucher du vent ; à présent, je n'ai plus de place nulle part,

    je suis un revenant, un fantôme. Si j'en réchappe, on me prendra pour un menteur, un affabulateur ;

    ou alors on me croira et on rira aux larmes de ma naïveté. Je n'ai pas forcément envie d'en réchapper".

     

    L'Apocalypse

     

    Tout le reste de l'année 93, nous avons joué au gendarme et au voleur, Jo et moi.

    Je parlais de porter plainte, et il accourait.

    J'avais trouvé un studio et je percevais une petite pension d'invalidité.

    C'était un premier pas vers la réinsertion, mais j'étais conscient que mon rétablissement matériel

    et psychologique, s'il était encore possible, passait par la récupération d'une partie au moins

    des sommes considérables que j'avais englouties dans l'Ordre.

    En janvier 1994 intervient l'épisode de la lettre circulaire qui va précipiter les hostilités.

    Un couple de l'Ordre, ou plutôt en rupture avec l'Ordre, adresse à tous les membres une lettre

    dénonçant les supercheries et les magouilles financières de Jo.

    Vous connaissez désormais la suite.

     

     

     

    53 hommes, femmes, enfants sont morts dans des circonstances atroces.

    Cinquante trois êtres que j'ai connus pour la plupart et sincèrement aimés.

    Comme moi ils ont répondu à une convocation de Jo Di Mambro.

    Comme à l'habitude, il leur a annoncé une réunion urgente :

    les maîtres avaient appelé, leur message était d'une importance vitale.

    Ils sont venus de France, du Canada, des Antilles, ils ont obéi aveuglément.

    Les cérémonies qui se sont déroulées à Cheiry, nous les connaissons bien.

    Cette entrée dans le sanctuaire, tous revêtus de la cape de l'Ordre du Temple, les chants liturgiques,

    l'apparition du maître, l'exaltation et les frissons qui nous saisissaient.

    Je peux m'y revoir. La terrible différence, c'est que cette fois-ci, le message  a été lancé  :

    l'heure du départ, du "transit" comme nous le disions avait sonné.

    Jo avait toujours parlé d'un passage paisible et serein.

     

     

     

    Et voici que ce chemin mène aux corps criblés de balles dans le sanctuaire de la ferme de Cheiry,

    à ces corps d'enfants abattus en Suisse comme au Canada.

    Voici que ces capes de cérémonies, dont tous étaient si fiers,

    ces capes qui distinguaient les "élus", n'apparaissaient plus que comme des oripeaux dérisoires

    couvrant des corps aux têtes enveloppées dans un sac-poubelle.

    C'est dans ces cendres fumantes des chalets incendiés que se terminait une aventure qui se voulait lumineuse.

    Ils étaient cinquante-trois. J'aurais dû être compté parmi eux.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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