• Flavie Flament - La consolation

     

     

    Flavie Flament a sorti aux éditions JC Lattès son autobiographie "La Consolation "

    dans laquelle elle raconte comment elle a été violée à l'âge de 13 ans par David Hamilton,

    célèbre photographe des années 70 (Quelle époque !)

    David Hamilton, un homme que sa mère a laissé s'approcher d'elle, "aveuglée", dit-elle par sa célébrité.

    "Depuis ce drame, j'ai été obligée de me contrôler seule. De gravir la montagne seule,

    avec personne pour m'assurer la cordée. Je suis aujourd'hui protégée par mon entourage

    et par ma famille nouvelle, et j'ai dû couper les liens avec des personnes qui m'entrainaient vers le fond".

     

    Flavie Flament - La consolation

    Extrait :

    "Poupette sait pourquoi les adultes font des enfants : pour eux.

    Pour se défouler, pour passer leurs nerfs ou leur chagrin. Pour crâner, parfois.

    Pour filer des taloches, mettre des coups de pied aux fesses, humilier ou exposer comme un trophée.

    C'est selon les jours, selon les  gens, selon les circonstances.

    Un enfant, ça cause beaucoup de soucis, ça ruine des ventres et des carrières,

    ça empêche les parents de s'épanouir, les mamans d'avoir une vie, ça déçoit, la plupart du temps,

    mais ça peut servir aussi. Et c'est ça qui est pratique pour eux.

    On peut leur gueuler dessus à la maison, les humilier, jamais ils ne contrediront les parents en public,

    trop soucieux des représailles mais heureux de s'entendre dire quelques douceurs

    pour endormir la galerie.

    Poupette n'aime rien tant que quand maman l'appelle "ma biche" devant tout le monde.

    Ca lui fait oublier qu'elle était "moche" et "conne" ce matin.

    On ne sait jamais : peut-être maman ne va-t-elle plus cesser de l'aimer maintenant ?

    Les gamins, on les habille bien, on les dresse comme il faut,

    la politesse, les bonnes notes et tout, et ça fait la blague.

    Pour peu qu'ils soient beaux, on a tout gagné.

     

    On leur intime l'ordre, dans un sourire de façade mais le regard lourd de menaces,

    d'aller chanter, au bout de la table, debout sur une chaise lors des déjeuners familiaux du dimanche.

    Ca fait pleurer les vieux, et l'on peut enfin espérer obtenir la reconnaissance de ses parents

    pour leur avoir offert de si beaux petits-enfants.

     

    On exhibe fièrement le bulletin de notes de l'aîné quand il est bon, pour faire enrager la belle sœur

    mais on oublie de préciser que le petit dernier frôle l'exclusion pour mauvaise conduite en classe.

    On joue à la famille modèle, au couple uni, proche de ses enfants qui bien sûr affronte certaines épreuves

    (important, les épreuves), mais qui parvient toujours à les surmonter, à coups d 'amour et de dialogue.

    La famille est ce qui se doit d'être le plus enviable.

    Car, comme on dit, que nous reste t-il quand on n'a pas la famille ?

     

    Sur la photo, les enfants font bonne figure.

    On leur a appris à sourire, et on leur fait la gueule s'ils ne le font pas, alors ils sourient toujours.

    On leur a appris aussi à poser, à étreindre, à passer les mains autour des cous,

    à faire des bisous pour la postérité.

    Aller sur les genoux de l'oncle pervers, enlacer la vieille tante poilue qui pue,

    poser sa joue contre celle de maman...

     

    Si les photos immortalisent les réunions de famille, les anniversaires et les parties de pêche,

    elles travestissent surtout les faits, ignorent les chagrins, dissimulent les coups,

    étouffent et découragent les revendications.

    Elles ne reflètent pas grand chose, sinon le besoin de s'accrocher à une seconde magique où rien ne paraîtra.

    C'est pour cela qu'on ne garde que les plus belles et qu'on les aligne dans des albums

    que l'on feuillettera plus tard, l'œil humide et l'air satisfait :

    on s'y accroche pour ne pas voir la réalité car, face à elle, peu parviennent à soutenir le regard.

     

    Les albums photo sont les traîtres des enfants malheureux et les complices de leurs bourreaux".

     

    Flavie Flament

    Extrait de son livre "La Consolation"

    dont je vous recommande vivement la lecture.

     

     

     

     

     

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