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Et oui cela existe...
Georges Simenon...
Pour des raisons que nous ignorons,
la mère de Simenon a toujours eu une préférence pour son autre fils, Christian,
de trois ans plus jeune, qui pourtant était un personnage peu reluisant.
Elle a toujours considéré que c'était le plus beau, le plus intelligent, le plus doué.
A Georges, elle disait : "Pourquoi es tu venu (c'est à dire né) ?"
Toute sa vie, il essaiera en vain d'obtenir une reconnaissance de la part de sa mère.
Le décès de son frère n'y fera rien.
On sait que ce dernier a été condamné à mort par contumace après guerre pour son activité de collaborateur.
Il a pu fuir grâce à Georges, s'est engagé dans l'armée française et est mort en Indochine.
Leur mère regrettera toujours ce décès, au point de laisser entendre clairement à Georges
qu'elle aurait préféré que ce soit lui qui mourût :
"Quel dommage que ce soit Christian qui soit mort", disait-elle.
Plus tard, alors que Georges Simenon menait une carrière d'écrivain mondialement reconnue,
il l'invitait dans sa résidence. Une fois sur place, elle interpellait les employés de maison
pour leur demander s'ils étaient payés, si la maison appartenait bien à leur maître.
Dans ces occasions, elle ne manquait pas de mettre ses habits les plus pauvres
afin de montrer son mépris pour la supposée réussite de son fils.
Le point d'orgue fut atteint, alors que depuis des années Georges lui envoyait une allocation mensuelle,
quand elle lui rapporta en une fois, à l'occasion de l'une de ses courtes et surtout écourtées visites à son fils,
tout l'argent qu'il lui avait envoyé au cours des années et auquel elle n'avait jamais touché !
A sa mère, Simenon dira avec amertume : "Tout le monde m'admire, sauf toi..."
Même sur son lit de mort, elle gardera cette attitude
et refusera à son fils la reconnaissance qui lui était si nécessaire.
"Voilà trois ans et demi environ que tu es morte à l'âge de quatre vingt onze ans
et c'est seulement maintenant que, peut être, je commence à te connaître.
J'ai vécu mon enfance et mon adolescence dans la même maison que toi, avec toi,
et quand je t'ai quittée pour gagner Paris, vers l'âge de 19 ans, tu restais encore pour moi une étrangère"....
C'est ainsi que débute Lettre à ma mère de Georges Simenon (1903-1989)
paru en novembre 1974 aux Presses de la Cité.
Livre singulier, particulier, unique à plus d'un titre.
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