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Le jeune Freud a connu la honte
quand son oncle Joseph, accusé d'un trafic de fausse monnaie, a fait la une des journaux de Vienne
et surtout quand son père s'est laissé humilier.
"Quand j'étais jeune, raconte le père, je suis sorti dans la rue un samedi,
bien habillé avec un bonne de fourrure tout neuf.
Un chrétien survint, d'un coup envoya mon bonnet dans la boue en criant ;
"juif, descends du trottoir !"
"Qu'as tu fait ?" demande l'enfant.
"J'ai ramassé mon bonnet".
Dès lors, le jeune Sigmund se met à élaborer des fantasmes de revanche.
Il s'identifie à Hannibal, ce sémite magnifique et intrépide
qui avait juré de venger Carthage malgré la puissance de Rome...
L'enfant fit preuve d'indépendance intellectuelle, de maîtrise de soi et de bravoure physique.
Le petit garçon avait ressenti la honte,
parce que l'escroquerie d'un proche et la lâcheté du père
avaient été exposées aux yeux de tous dans les journaux de Vienne et sur la scène publique.
BORIS CYRULNIK - MOURIR DE DIRE - LA HONTE.
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