• Staline et Gorbatchev

     

     

    Il est frappant de voir que les biographes

    ne s'intéressent guère aux premières influences qui marquent si profondément l'existence humaine.

    A l'exception des psycho-historiens, aucun d'eux ou presque ne se penche sur l'enfance des leaders politiques,

    dont les décisions peuvent se révéler fatales pour la vie de millions de gens.

    Dans les milliers de livres écrits sur la vie des dictateurs, on ne mentionne guère les événements,

    pourtant significatifs, de leur enfance, ou, peut-être par manque de connaissances psychologiques,

    on minimise leur importance. Or ils sont riches d'enseignements, comme l'illustre, entre autres exemples,

    l'histoire de deux hommes célèbres :

    Staline et Gorbatchev

     

     

    Staline

    était le fils unique d'un  alcoolique qui, quotidiennement, le battait comme plâtre,

    et d'une mère le plus souvent absente, qui ne l'a jamais pris sous sa protection et était elle-même battue.

    Comme la mère de Hitler, elle avait perdu ses trois premiers enfants.

    Josef, venu au monde après leur mort, ne savait jamais si son père n'allait pas le tuer dans l'heure qui suivait.

    Par suite de ses terreurs refoulées, Staline, parvenu à l'âge adulte,

    devint un paranoïaque convaincu que tout le monde en voulait à sa vie.

    En conséquence, dans les années trente, il envoya dans des camps ou fit exécuter des millions de personnes.

    Tout se passe comme si, chez ce puissant dictateur, en dépit de son pouvoir et des honneurs dont il était comblé,

    un enfant sans défense luttait contre le père menaçant.

    Peut être Staline tentait-il sans relâche, dans ses procès truqués contre les intellectuels,

    souvent des esprits supérieurs au sien, d'empêcher son père d'assassiner l'enfant impuissant.

    Evidemment, il n'en avait pas conscience.

    Sinon des millions de gens n'auraient pas été condamnés à mort.

     

     

     

    Le climat était bien différent dans la famille Gorbatchev, où l'on ne maltraitait pas les enfants

    et où il était de tradition de les respecter et de pourvoir à leurs besoins.

    Les effets de cette éducation, tout un chacun peut les mesurer

    à travers le comportement de l'adulte Gorbatchev.

    Peu d'hommes d'Etat, parmi nos contemporains, ont fait preuve de pareilles qualités :

    le courage de voir les choses telles qu'elles sont et de chercher des solutions souples,

    l'estime pour autrui, le sens du dialogue.

    Il a su conserver un train de vie modeste,

    ne s'est pas laissé aller à cette hypocrisie

    si fréquente dans les discours des hommes politiques assoiffés de pouvoir,

    et ne s'est jamais laissé pousser, par pur besoin de se faire valoir, à des décisions absurdes.

     

    Ses parents, comme ses grands parents qui ont veillé sur lui pendant la guerre,

    semblent avoir été des êtres particulièrement aimants.

    Son père a souvent été décrit comme un homme paisible, entretenant de bons rapports avec les autres

    et qui ne disait jamais un mot plus haut que l'autre. Sa mère était une femme forte,

    sincère et de caractère enjoué. Même quand son fils eut accédé au pouvoir,

    elle continua à vivre dans sa petite maison rurale.

    L'enfance de Gorbatchev nous fournit, du reste, une preuve supplémentaire

    que même les pires conditions matérielles n'abiment pas la personnalité d'un enfant,

    pourvu que son intégrité n'ait pas été blessée par l'hypocrisie et les mauvais traitements,

    physiques ou psychiques.

     

     

    SOURCE :

    Extrait du livre d'Alice Miller

    Libre de savoir.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Stévenson - L'étrange Cas du docteur Jeckyll et de Mr HydeUne Rose sans épines... »
    Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :